Syndrome du bébé secoué

Le syndrome du bébé secoué correspond à un traumatisme crânien qui peut survenir lorsqu’un jeune enfant est violemment secoué par un adulte. C’est une maltraitance infantile qui arrive le plus souvent lorsque la personne qui s’occupe de bébé est exaspérée par ses pleurs et finit par commettre un acte dramatique.

Le syndrome du bébé secoué peut entraîner des lésions neurologiques graves avec des conséquences majeures pouvant aller jusqu’à la mort. Il touche chaque année des centaines d’enfants et constitue une urgence médicale. Le diagnostic et la prise en charge précoce permettent d’améliorer les chances de survie et de limiter les éventuelles séquelles.

Qu’est-ce que le syndrome du bébé secoué et ses conséquences ? Comment l’identifier et réagir ? Comment le prévenir ?

Syndrome du bébé secoué, qu’est-ce que c’est ?

Le syndrome du bébé secoué (SbS) est défini par un traumatisme crânien non accidentel, consécutif à un secouement violent subit par le bébé ou le jeune enfant et qui peut entraîner des lésions graves du cerveau.

Le cerveau du nourrisson est en plein développement. Il baigne dans le liquide céphalo-rachidien, protégé au sein de la boite crânienne par les méninges (dure-mère, arachnoïde, pie-mère). L’ensemble des structures nerveuses et méningées son richement vascularisées par des vaisseaux qui passent par le cou et la base du crâne.

La tête de bébé est relativement volumineuse et lourde par rapport à son corps et sa musculature cervicale est encore faible. Les nouveau-nés sont donc naturellement plus vulnérables aux secousses. Le balancement violent de la tête d’un côté ou de l’autre ou bien de l’avant vers l’arrière est susceptible de provoquer :

- Des atteintes hémorragiques, lésions vasculaires au niveau des vaisseaux irriguant la tête et le cerveau (hématomes sous-duraux plurifocaux, hémorragies rétiniennes, œdème cérébral)

- Des lésions méningées ou neurologiques avec un écrasement des tissus cérébraux, des lésions du cervelet ou de la moelle épinières (lésion médullaire)

- Des lésions oculaires (hémorragie rétinienne)

- Des lésions osseuses ou ligamentaires (fracture, entorse cervicale)

- Des contusions.

Les atteintes sont variables mais peuvent être très sévères et engager le pronostic vital.

Il n’y a aucun risque de bébé secoué en le berçant, en jouant, en le promenant en poussette ou en le balançant dans un transat. La force en présence dans le secouement susceptible de produire des lésions comparables à celles du syndrome du bébé secoué est d’une extrême violence et n’a rien à voir avec celles des activités quotidiennes.

Syndrome du bébé secoué : jusqu’à quel âge ?

Le syndrome du bébé secoué touche surtout les nourrissons âgés de moins de 1 an, particulièrement ceux en-dessous de l’âge de 6 mois. Les enfants plus âgées de 2 ans, 3 ans ou 4 ans peuvent cependant aussi être touchés. Il est plus fréquent chez les garçons.

Plusieurs centaines d’enfants sont victimes chaque année en France du syndrome du bébé secoué. Les chiffres sont probablement sous-évalués en raison de diagnostics non posés et de sous-déclarations.

Syndrome du bébé secoué : conséquences

Le syndrome du bébé secoué peut avoir des conséquences graves allant jusqu’à la mort du bébé. Plus de 10% des bébés secoués meurent des suites des traumatismes crâniens et plus des ¾ des survivants gardent des séquelles irréversibles.

Les différentes lésions vasculaires, cérébrales ou oculaires subies au cours du ou des traumatismes peuvent entraîner :

- Un retard du développement psychomoteur

- Des troubles cognitifs, un retard des apprentissages

- Des troubles du comportement

- Des troubles moteurs ou une altération des fonctions motrices (paralysie, convulsions)

- Des troubles sensoriels, oculaires (troubles de la vue) ou auditif (déficit d’audition).

Ces séquelles durables et irréversibles peuvent nécessiter une prise en charge spécifique (rééducation, réadaptation, orthophonie, consultations médicales, éducation spécialisée, etc.).

Syndrome du bébé secoué : apparition des symptômes combien de temps après ?

Les symptômes du bébé secoué apparaissent immédiatement après le traumatisme ou dans les quelques heures qui suivent. Il est important de savoir les reconnaître. Les épisodes de secouement étant le plus souvent répétés (dans plus d’un cas sur deux, il y a récidive), le diagnostic précoce permet de limiter le risque pour bébé d’être à nouveau secoué. Par ailleurs, une prise en charge précoce est de meilleur pronostic pour limiter les éventuelles séquelles neurologiques.

Syndrome du bébé secoué : symptômes

Les symptômes du bébé secoué traduisent généralement l’atteinte neurologique sous-jacente et peuvent se manifester par :

- Un changement de comportement ou un comportement inhabituel (somnolence, asthénie, troubles de la conscience, pertes des interactions, perte de connaissance mais aussi irritabilité, pleurs, agitation)

- Un tonus anormal (hypertonie, rigidité ou au contraire hypotonie)

- Des mouvements anormaux (spasmes incontrôlé, spasticité)

- Des difficultés respiratoires, des pauses respiratoires

- Des vomissements, un refus de s’alimenter ou une perte d’appétit sans raison visible

- Une diminution des sourires, de l’expression faciale ou des babillages

- Des troubles oculaires avec des mouvement anormaux des yeux, un nystagmus, une perte des mouvements de poursuite oculaire

- Un hématome visible ou des contusions.

Devant ces symptômes, vous devez immédiatement contacter le SAMU (15 ou 112) ou vous rendre aux urgences.

En raison de la gravité des séquelles, aucun enfant ne doit être secoué, quels que soient son âge et la situation.

Prévenir le SAMU

Lorsque vous contacter le service d’aide médicale urgente, essayez de rester calme et d’expliquer la situation. Indiquez vos nom et prénom, ceux du bébé, mais aussi le numéro de téléphone sur lequel vous joindre. Indiquez l’adresse exacte où vous vous trouvez et les indications pour accéder au lieu (codes d’accès, étage). Ne raccrochez pas avant que votre interlocuteur ne le demande.

Respectez les consignes du Samu en attendant leur arrivée.

En attendant l’arrivée des secours :

- Si bébé fait des convulsions, sécurisez son environnement pour qu’il ne se cogne pas et surveillez-le en attendant que la crise passe.

- Si bébé vomit, placez-le sur le côté, en position latérale de sécurité, afin de limiter le risque de fausse route ou d’étouffement. Elle permet à la salive ou aux vomissements de s’écouler naturellement en dehors de la bouche et à la langue de ne pas obstruer les voies aériennes. 

- Si bébé fait un malaise ou semble ne plus respirer, ne le secouez pas ce qui pourrait occasionner d’autres lésions.

Diagnostic

Lorsque bébé est admis à l’hôpital, il est pris en charge par une équipe pluridisciplinaire qui va procéder à divers examens afin d’évaluer la présence ou non de lésions neurologiques caractéristiques et leurs gravité. Dans les atteintes les plus sévères, les bébés secoués pourront être admis en réanimation.

La Haute autorité de Santé (HAS), saisie par les sociétés savantes, a élaboré en 2011 puis actualisé en 2017 des recommandations concernant la prise en charge du syndrome du bébé secoué. Elle précise la conduite diagnostique et les examens complémentaires permettant d’éliminer les diagnostics différentiels et de mettre en évidence les lésions caractéristiques du syndrome du bébé secoué. 

Le bilan comporte :

- Un interrogatoire des parents concernant la survenue des symptômes

- Un examen clinique général de l’enfant

- Des examens complémentaires avec :

- Un bilan biologique (prise de sang)

- Un examen ophtalmologique avec fond de l’œil

- Des examens d’imagerie avec :

- Des radiographies du squelette pour constater la présente d’un hématome et éliminer d’éventuelles atteintes osseuses (fractures) ou ligamentaires (entorses cervicales)

- Un scanner cérébral et/ou une IRM pour évaluer le tissu cérébral et l’importance des hématomes ou des lésions.

En fonction du contexte clinique et des lésions mises en évidence, le diagnostic du syndrome du bébé secoué est considéré comme écarté, probable ou certain.

Le fait de secouer un bébé constitue une infraction pénale. Les professionnels de santé ont l’obligation légale et déontologique de signalement en cas de suspicion de syndrome de bébé secoué ou de toute maltraitance. La saisie dans les meilleurs délais du procureur de la République et le signalement à la cellule de recueil d’évaluation et de traitement des informations préoccupantes (CRIP) de leur département permet de mettre en place des mesures de protection de l’enfant. Le procureur décide des suites judiciaires à donner (enquête pénale, etc.). Les parents sont informés du signalement et de la possibilité de porter plainte s’ils disent ne pas être en cause et attribuent le secouement à une autre personne (nounou, assistante maternel, etc.).

Prévention

La majorité des syndromes des bébés secoués surviennent chez des parents à bout ou épuisés qui ne supportent plus les pleurs de leur bébé. Les campagnes de prévention visent à sensibiliser les parents quant à la gestion des pleurs de bébé.

En tant que parent, il est important de se préparer aux pleurs et de réagir avec calme. Apprendre à identifier les besoins de bébé permet souvent de limiter les crises. Il arrivera pourtant que bébé pleure, parfois sans raison apparente et sans aucun trouble. Il faudra apprendre à faire au mieux avec. Surtout, il est essentiel de savoir reconnaître sa propre fatigue et de demander de l’aide avant les premiers signes d’exaspération.

Pourquoi bébé pleure ?

Bébé peut pleurer pour de nombreuses raisons : quand il a faim, soif, que sa couche est souillée, quand il rencontre des difficultés digestives, quand une position est inconfortable, quand il a besoin de câlins, qu’il est irrité par quelque chose, quand il est malade, fatigué ou parfois sans raison. En dehors de toute affection, certains bébés pleurent beaucoup et d’autres moins.

Il faut être méthodique afin d’ essayer d’identifier au mieux la raison des pleurs et s’armer de patience si bébé pleure et que rien de grave ne semble se manifester.

Identifier la cause

Quand bébé pleure, il faut essayer de déterminer s’il présente un problème ou s’il présente un besoin qui demande à être satisfait. En cas de pleurs :

- Vérifiez d’abord que bébé n’a pas de fièvre et n’hésitez pas à la mesurer en cas de doute. Vous pouvez aussi surveiller d’éventuels signes de maux de ventre ou de fatigue.

- Vérifiez ensuite s’il n’a pas faim ou soif ou s’il ne faut pas changer sa couche.

- Assurez-vous de son confort, vérifiez qu’il soit libre de bouger, qu’il n’ait pas trop froid ou trop chaud.

- Prenez-le dans vos bras et vérifiez qu’il n’a pas simplement besoin d’un câlin.

Calmer bébé

Une fois les besoins essentiels de bébé couverts, il est possible d’essayer de calmer bébé avec des gestes simples :

- Prendre bébé dans vos bras

- Le masser, le caresser ou faire du peau à peau

- Favoriser un environnement calme et apaisant

- Parler, lui raconter des histoires ou lui chanter des comptines

- Mettre une musique douce ou encore du bruit blanc, un bruit d’aspirateur, etc.

- Faire une balade en porte bébé, en poussette ou en voiture

- Donner un bain tiède.

Vous calmer

Si bébé semble inconsolable malgré tout ce que vous avez mis en place, assurez-vous d’être dans le bon état d’esprit pour faire face aux pleurs. Votre stress, vos angoisses ou votre irritation n’aideront pas bébé à se calmer.

Si vous ne vous sentez pas capable de faire face, que vous êtes trop fatigué ou que vous avez besoin d’une pause, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre entourage. Reposez-vous, faites une sieste, dormez et revenez dans de meilleures dispositions. 

Si personne ne peut vous aider, sécurisez votre enfant dans son lit, quittez la pièce en laissant l’enfant pleurer quelques minutes, le temps pour vous de respirer profondément et de retrouver votre calme. Plusieurs méthodes existent pour retrouver son calme rapidement : respiration profonde, cohérence cardiaque, EFT, crier/pleurer, prendre une douche, écouter de la musique, faire des mouvements de yoga, appeler un ami, etc.

La pratique de la méditation, du yoga ou d’art martiaux (Qi Gonq, Tai Chi) peuvent vous apprendre à gérer vos émotions, à vous centrer et à aborder plus sereinement une situation difficile. 

Quoi qu’il arrive, quel que soit votre état, ne secouez jamais un bébé. Si vous sentez que vous allez secouer votre nourrisson, appelez le 119, des professionnels sont là pour vous écouter.

Conclusion

Le syndrome du bébé secoué peut créer des séquelles graves ou entraîner la mort du bébé. En tant que parents, il est important de prévenir ce risque. Il s’agit d’apprendre à gérer les pleurs de son enfant et à les soulager lorsque cela est possible. Si bébé pleure et qu’il ne présente aucun signe inquiétant qui pourrait expliquer ses pleurs, il vous faudra faire face au mieux, avec calme et patience, en gardant une attitude positive. Il vous faudra aussi apprendre à reconnaître une trop grande fatigue et à demander de l’aide. La prévention de ce syndrome passe aussi par la sensibilisation de votre entourage et des professionnels qui seront amenés à s’occuper de votre bébé.

 

Article écrit et illustré par Pierre Del Aguila, Masseur-Kinésithérapeute DE, Ostéopathe D.O., Enseignant en Thérapie Manuelle et papa artiste