Signes et symptômes d’une fausse couche expliqués par un gynécologue

Article écrit par Dr Dragana Angelov Isak, gynécologue obstétricien au Centre Hospitalier Edmond Garcin

Vous avez un retard de règles ou bien votre grossesse semblait débuter normalement mais vous constatez soudain des pertes de sang parfois accompagnées de douleurs au bas-ventre. Il s’agit peut-être des symptômes d’une fausse couche. Quels sont les signes d’une fausse couche ? Les saignements sont-ils toujours graves ? Est-il possible de faire une fausse couche sans le savoir ? Quand faut-il consulter un médecin ? On fait le point.

Signes et symptômes d’une fausse couche précoce

Une fausse couche précoce est l’expulsion ou avortement spontané d’une grossesse intra-utérine avant la 14ème semaine d’aménorrhée ou 12ème semaine de grossesse soit au cours du premier trimestre. Environ 15%(1) des grossesses connues sur le plan clinique se terminent par une fausse couche dont la très grande majorité surviennent au cours du premier trimestre de grossesse.

Les signes cliniques et les symptômes d’une fausse couche précoce sont :

- des saignements vaginaux plus ou moins abondants appelés métrorragies. Ces pertes de sang sont en général de couleur marron au début puis rouge vif ensuite. Elles peuvent être irrégulières ou continues.

- l’expulsion de caillots de sang ou de tissus embryonnaires

- des douleurs pelviennes (douleurs au bas-ventre) ou crampes abdominales similaires à celles des règles. Elles peuvent être constantes ou intermittentes.

- des douleurs dans le bas du dos plus ou moins fortes

- la disparition des symptômes de grossesse (nausées, tensions mammaires, vomissements).

Les saignements et les crampes pelviennes sont les deux symptômes les plus fréquents. Ils sont causés par les contractions qui expulsent le contenu intra-utérin.

signes et symptômes fausse couche

L’intensité de ces symptômes sont variables en fonction du stade de développement d’une grossesse non viable. Plus le stade est avancé et plus les symptômes sont importants. Il existe 5 stades qui possèdent chacun des critères diagnostiques cliniques et échographiques différents :

- la fausse couche précoce retardée ou grossesse arrêtée correspond à la découverte fortuite à l’échographie d’un arrêt de développement. Il n’y a pas de symptômes ou des petits saignements. Vous avez fait une fausse couche sans le savoir.

- la fausse couche menaçante ou menace de fausse couche correspond à la présence ou non d'images de décollement ovulaire ou trophoblastique (le futur placenta) de taille variable à l’échographie. Les saignements sont modérés et les douleurs faibles.

- la fausse couche en cours ou inévitable correspond à un sac gestationnel en voie d’expulsion. Les saignements sont de plus en plus abondants et les douleurs d'intensité croissante.

- la fausse couche complète caractérisé par une vacuité utérine à l’échographie. Les saignements diminuent et les douleurs disparaissent en quelques heures.

- la fausse couche incomplète caractérisé par la rétention ovulaire ou trophoblastique à l’échographie. Les saignements, parfois accompagnés de débris ovulaires, et les douleurs persistent.

évolution des symptômes d'une fausse couche

Si vous ressentez des symptômes de choc type malaise, étourdissement, vomissements en plus de saignements abondants du type hémorragies, il peut s’agir d’une fausse couche hémorragique. C’est un phénomène rare mais qui nécessite une consultation gynécologique en urgence.

Des pertes jaunes ou translucides peuvent survenir en début de grossesse. Elles sont liées à l’augmentation des taux d’œstrogène et de progestérone qui accompagne la grossesse et rend ces pertes plus abondantes et plus épaisses. Elles sont tout à fait normales et ne sont pas le signe d’une fausse couche.

Les saignements sont-ils toujours le signe d’une fausse couche précoce ? 

Pas nécessairement. Les saignements peuvent survenir en début de grossesse sans compromettre son bon déroulement. Ils peuvent être dus aux changements hormonaux, à un décollement placentaire ou à une légère inflammation de la cavité utérine. Ainsi, 20 à 25% des femmes enceintes présentent des saignements légers ou des pertes isolées accompagnés ou non de douleurs abdominales au cours du premier trimestre. Seulement la moitié d’entre elles font une fausse couche.

Les symptômes autres que les saignements, lorsqu’ils sont isolés, sont rarement le signe d’une fausse couche. C’est plutôt la combinaison de plusieurs symptômes, en particulier des saignements de couleur rouge accompagnés de douleurs ou de la perte des signes de grossesse, qui indiquent qu’il s’agit plus probablement d’une fausse couche. 

Dans tous les cas, les saignements quels qu’ils soient doivent faire l’objet d’une consultation immédiate. Le gynécologue procédera à un examen au speculum, une échographie et un dosage sanguin de l’hormone bêta-HCG (hormone de grossesse) dans le cas où la grossesse n’est pas visible à l’échographie.

Signes et symptômes d’une fausse couche tardive

Une fausse couche tardive est l’expulsion spontanée d’une grossesse intra-utérine entre la 14ème et la 22ème semaine d’aménorrhée soit au cours du deuxième trimestre.

Les symptômes d’une fausse couche tardive sont d’intensité plus forte que ceux d’une fausse couche précoce dans la mesure où le fœtus est déjà formé (plus grand qu’un embryon) et le placenta remplace partiellement ou totalement le trophoblaste :

- Les saignements sont plus abondants (plus que des règles) et s’accompagnent souvent d’une perte de tissus embryonnaires.

- Les douleurs à type de contractions sont régulières et similaires à celles d’un accouchement.

- Une perte de liquide amniotique est possible.

Là encore, une consultation en urgence de votre gynécologue est nécessaire pour poser un diagnostic avec certitude.

Diagnostic différentiel

Plusieurs affections présentent des signes cliniques similaires à ceux d’une fausse couche :

- grossesse évolutive avec une menace de fausse couche (à recontrôler en échographie).

- grossesse extra-utérine appelée grossesse ectopique (grossesse implantée en dehors de la cavité utérine)

- grossesse molaire ou môle hydatiforme (très rare, croissance anormale du placenta à la suite d’une anomalie survenue lors de la fécondation)

- salpingite (inflammation des trompes)

- endométrite (inflammation de l’endomètre)

- rupture d’un kyste ovarien

- lésion du col utérin ou du vagin (polype, dysplasie, etc.).

Déroulement de la consultation

Le gynécologue commencera par un examen clinique au speculum pour déterminer :

- si les saignements proviennent de l’utérus ou du col de l’utérus dans le cas d’une consultation au cours du premier trimestre

- s’il y a ou non présence de la poche des eaux dans le vagin dans le cas d’une consultation au cours du second trimestre.

Il procédera ensuite à une échographie. Dans certains cas, des examens complémentaires sont nécessaires (échographie et/ou prise de sang à intervalles réguliers).

En cas de fausse couche précoce et en fonction de son stade et de votre souhait, il vous orientera vers une expectative, un traitement médical par misoprostol ou un traitement chirurgical par curetage (aspiration).

En cas de menace de fausse couche tardive, il vous prescrira un traitement par progestérone vaginale si vous présentez un col court isolé sans contractions utérines. Le cerclage sera proposé et discuté par l’équipe médicale si vous présentez un col ouvert, associé ou non à une protrusion de la poche des eaux dans le vagin, avec un bilan infectieux négatif.

Conclusion

Les symptômes d'une fausse couche précoce peuvent être difficiles à interpréter. Des signes tels que des saignements vaginaux ou des douleurs pelviennes peuvent être observés au cours des premières semaines aussi bien pour une grossesse normale que pour une grossesse extra-utérine. De la même manière, certains signes comme la disparition soudaine des symptômes de grossesse ne signifient pas forcément un arrêt de grossesse. C’est pourquoi il est important de consulter votre gynécologue dès l’apparition des premiers symptômes.

 

 

 

 

(1) Miscarriage matters: the epidemiological, physical, psychological, and economic costs of early pregnancy loss, Lancet 2021.