Le lavage de nez est un geste essentiel de l’hygiène de bébé. Que le nez coule, qu’il soit bouché, ou même en l’absence de congestion nasale, il permet d’humidifier et de fluidifier les mucosités, dégager les voies aériennes ou tout simplement prévenir les infections comme le rhume ou la sinusite. Chez les nourrissons, le nez doit ainsi rester libre de tout encombrement pour lui permettre de respirer librement pendant qu’il tète ou prend le biberon.
En quoi consiste le lavage du nez ? Pourquoi et comment laver le nez de son bébé ? On voit tout ça ensemble.
Lavage de nez, en quoi ça consiste ?
Le lavage de nez consiste à introduire dans le conduit nasal une solution liquide comme du sérum physiologique ou une solution saline à base d’eau de mer pour dégager les voies aériennes de bébé de ses mucosités.
Ce n’est pas douloureux pour l’enfant mais cela peut être désagréable puisqu’il s’agit quand même d’envoyer de l’eau dans les narines. Cependant, en cas d’obstruction, le bénéfice est énorme
Les voies aériennes du nourrisson
Les voies aériennes supérieures se composent du nez, avec les narines, les fosses nasales et les sinus, de la bouche, du pharynx et du larynx. Avec les voies aériennes inférieures, comprenant la trachée, les poumons et les bronches, elles constituent le système respiratoire. Pour permettre la respiration, ces voies doivent être libres et dégagées.
Le nez et les différentes parties du système respiratoire, sont tapissés de muqueuses qui sécrètent naturellement du mucus. Ce mucus participe à la protection du système respiratoire en emprisonnant par exemple les particules inhalées. Il est sécrété puis éliminé (excrété par le nez, expectoré ou bien avalé et digéré) : c’est le cycle naturel du mucus.
La muqueuse constitue une interface avec le milieu extérieur et contient de nombreuses cellules de l’immunité pour se défendre contre les agents pathogènes (virus, bactéries, microbes, germes…). En cas d’infection, une réaction inflammatoire des muqueuses pourra provoquer une sécrétion de mucus plus importante et une congestion nasale qui se traduira par le nez qui coule ou qui se bouche.
Pourquoi laver le nez de son enfant ?
Le sérum physiologique ou les solutions salines, en fluidifiant les mucosités, favorisent leur élimination naturelle et la libération du nez en cas de congestion. Le lavage du nez participe donc à réduire les symptômes liés à la congestion nasale en permettant de mieux respirer.
En limitant les stases, le lavage du nez permet aussi de diminuer le risque d’infection ou de surinfection bactérienne responsable des rhumes, sinusites, rhino-pharyngites, trachéites, bronchites, conjonctivites, otites ou toutes autres maladies infectieuses de la sphère Orl.
Lavage de nez de 0 à 6 mois
De 0 à 6 mois, le lavage de nez est essentiel. En effet, dans leurs dans leurs premiers mois de vie, les nourrissons respirent essentiellement par le nez. Pour pouvoir téter ou prendre le biberon, ou encore pour dormir paisiblement, ils doivent avoir le nez dégagé. A cette période, les bébés ne sont pas encore capables de renifler, de souffler ou de tousser assez efficacement pour bien dégager leurs voies respiratoires. Ainsi, lorsqu’un nourrisson a le nez plein, il devient plus difficile pour lui de respirer mais aussi de s’alimenter et de dormir. Cela peut se traduire par un allongement de la durée de la tétée, une perte d’appétit, ou bien un sommeil agité avec beaucoup de réveils.
En l’absence d’obstruction, il est utile pour les nouveaux nés de faire un lavage de nez avec une technique très douce (technique « sans pression » décrite ci-après), une ou deux fois par jours. Cela permet de s’assurer que le nez est bien libre et aussi de fluidifier d’éventuelles mucosités.
En cas d’obstruction des voies nasales comme dans le rhume, il est indispensable de libérer au mieux le nez de votre bébé, surtout avant les biberons ou les tétés, et avant de dormir le soir. On pourra procéder à 5 ou 6 lavages par jour pour un encombrement modéré et un peu plus pour un encombrement important.
Pensez à surveiller l’évolution des signes cliniques, surtout pour les bébés de moins de 3 mois qui ont besoin de s’alimenter très souvent. Une perte d’appétit importante, une fièvre prolongée ou des difficultés respiratoires doivent vous amener à consulter votre pédiatre sans tarder.
Lavage de nez après 6 mois
Après 6 mois, la respiration buccale se fait plus facilement et l’enfant est en général capable de mieux dégager son nez de lui-même, en reniflant ou en toussant de manière efficace. Le lavage quotidien devient alors moins utile, d’autant qu’à cet âge, l’enfant bouge plus, ce qui rend les manœuvres plus difficiles.
En cas de congestion légère, on pourra faire un lavage 1 à 3 fois par jour, avec la technique sans pression. On peut utiliser une pipette de sérum physiologique ou bien commencer à utiliser un spray nasal adapté au bébé.
En cas d’encombrement plus important, il faudra prendre soin de dégager le nez pour réduire les symptômes (difficultés à respirer, maux de tête, douleurs de sinus…) et limiter le risque de surinfection ou de complication. On adaptera les techniques et la fréquence en fonction de l’importance de l’encombrement. On procédera à 5 ou 6 lavages par jour, ou un peu plus si besoin.
Comment faire un lavage de nez à bébé ?
Le lavage de nez n’est pas vraiment un moment sympa à partager. Bébé va souvent crier, pleurer, parfois se débattre ou même tout simplement refuser de se laisser faire. En tant que parent, cela peut parfois être difficile. Sachez cependant que, lorsque vous procédez au lavage du nez de votre enfant, vous faites quelque chose d’utile pour lui Si le geste parait compliqué, avec l’habitude, vous apprendrez à le réaliser avec rapidité, précision et douceur.
Il existe plusieurs techniques dont les indications dépendent de l’âge de l’enfant, de sa capacité à accepter le lavage du nez et de sa participation. Toutes les techniques présentent des avantages et des inconvénients mais aussi une utilité bien spécifique.
Le nez de l’enfant est un organe délicat, avec une muqueuse fragile, il faut donc veiller à être le plus doux possible et à ne pas laver le nez avec excès.
On utilise dès la naissance des pipettes de sérum physiologique. Après 6 mois, il est aussi possible d’utiliser des sprays nasaux contenant une solution d’eau de mer stérilisée, adaptés aux jeunes enfants. Demandez conseil à votre pharmacien ou à votre pédiatre.
A noter qu’’il existe également des seringues avec embout nasal, ou des poires de lavements qui sont lavables et réutilisables mais dont l’usage est plus difficile et contraignant au quotidien.
L’usage du mouche bébé est possible en cas de nez très bouché mais il faut procéder avec beaucoup de précaution. Comme pour les pipettes, il faut veiller à ne pas blesser bébé au niveau de la narine ou de la muqueuse avec l’embout.
Pour toutes ces techniques, on pensera aussi à avoir à portée de main des mouchoirs et à se laver les mains avec de l’eau et du savon ou du gel hydro-alcoolique, avant et après le lavage du nez.
Enfin, et c’est très important, n’hésitez pas à parler à votre bébé (quel que soit son âge), à lui expliquer ce que vous allez faire, pourquoi et comment, et à le rassurer. Cela l’aidera à se sentir mieux et même parfois à accepter le soin plus facilement
La technique « en pression » ou désobstruction rhinopharyngée (DRP) antérograde
La DRP antérograde est la technique la plus fréquemment montrée par les sages-femmes ou les kinés. Elle consiste à positionner bébé sur le côté ou bien sur le dos avec la tête sur le côté, à lui introduire l’embout de la pipette dans la narine et à appuyer sur la pipette pour envoyer le sérum dans le conduit nasal. Il faut éviter d’appuyer fort et de vider la pipette entière en pression pour ne pas rendre la technique trop agressive. Un tiers de la pipette avec une pression légère pour une narine est amplement suffisant. Le sérum physiologique est propulsé et va s’écouler le plus souvent par l’autre narine en entraînant les mucosités. On réalise la technique d’un côté puis de l’autre après un petit temps de pause pour laisser le temps au bébé de respirer.
Pour les bébés un peu plus grands, elle peut aussi se réaliser en position assise.
A la place des pipettes de sérum physiologique, certains utilisent des seringues avec des embouts adaptés aux narines de bébé ou encore des poires à lavement remplies avec une solution saline stérile. Les principes sont les mêmes, il faut veiller à rester le moins agressif possible avec l’embout, ne pas envoyer trop de liquide et contrôler le débit (ce qui n’est pas toujours facile avec une seringue). L’eau du robinet ne doit pas être utilisée pour laver le nez car elle peut contenir des germes. Les solutions salines stériles pour irrigation sont disponibles en pharmacie. Après chaque utilisation, il faudra nettoyer avec beaucoup de soin le matériel ce qui rend ces outils moins pratiques que les pipettes individuelles.
La technique en pression est très adaptée pour déboucher le conduit nasal lorsque le nez est bouché dans sa partie la plus superficielle. Elle est moins adaptée à la toilette quotidienne du nez de bébé puisqu’elle peut être un peu agressive. On la réservera donc lorsque le nez semble bouché dans sa partie superficielle ou en cas d’écoulement.
La technique « sans pression » (ou DRP rétrograde)
Cette technique est la technique de choix pour une toilette quotidienne du nez de bébé.
Le principe est simple, on introduit une petite goutte de sérum physiologique à l’entrée de la narine avant de fermer la bouche de l’enfant quelques secondes jusqu’à ce qu’il renifle. Bébé va ainsi envoyer le sérum dans la partie plus profonde du nez, fluidifier les sécrétions et favoriser leur écoulement.
Pour les nourrissons, il est très facile de leur fermer la bouche en appuyant légèrement sur la base du menton. Il faut essayer de fermer la bouche de bébé et de déposer le sérum physiologique en fin d’expiration, juste avant l’inspiration, pour provoquer un reniflement efficace. Ce n’est pas toujours facile mais pas d’inquiétude. Si vous vous trompez, bébé va simplement expirer par le nez, expulsant une partie des mucosités.
Si vous n’arrivez pas à lui fermer la bouche, vous pouvez simplement déposer un peu de sérum physiologique à l’entrée du conduit nasal et attendre que le liquide s’écoule vers l’arrière.
On réalise la technique pour une narine puis pour l’autre, avec un petit temps de pause entre les deux pour laisser bébé déglutir et respirer.
C’est finalement une technique douce, sans pression du liquide au sortir de la pipette. Elle est en général plutôt bien acceptée, certains bébés pouvant même participer en reniflant d’eux même. Elle permet également lorsque l’enfant renifle de savoir s’il y a une congestion ou pas. C’est en tout cas une bonne introduction à l’apprentissage de la toilette du nez que l’enfant pratiquera plus tard avec les sprays nasaux et le mouchage.
Lorsque le nez est vraiment bouché dans sa partie superficielle, cette technique est moins efficace que la précédente puisqu’elle ne permet pas une désobstruction immédiate. Elle peut être utilisé en complément, après avoir libérer le conduit nasal avec la technique en pression ou le mouche bébé.
La technique de la compresse tressée et humidifiée au sérum physiologique
Elle consiste à enrouler un bout de coton humidifié pour faire une petite tige qu’on glisse à l’entrée du conduit nasal afin de le nettoyer. C’est une technique très adaptée pour les nouveau-nés lorsque le nez n’est pas très encombré. Parfait pour enlever les petites sécrétions sèches (aussi appelées crottes de nez) de la narine.
Le mouche-bébé
Le mouche bébé est particulièrement efficace pour aspirer les mucosités notamment lorsque celles-ci sont abondantes ou très épaisses. Cependant son usage demande beaucoup de précaution pour ne pas blesser bébé au niveau de la narine avec l’embout. Il faut donc tenir bébé fermement (sans lui faire mal), avant d’introduire l’embout et d’aspirer. Si bébé bouge trop ou se débat, il vaut mieux ne pas utiliser cette technique.
Penser à laver le mouche-bébé après utilisation et à changer systématiquement le filtre.
La technique « pulvérisée » avec le spray nasal
Cette technique est la même que pour un adulte. Elle consiste à mettre l’embout du spray nasal et à appuyer dessus pour pulvériser la solution saline dans le nez. Elle se destine aux bébés plus âgés, qui commencent à pouvoir participer au lavage de nez en reniflant la pulvérisation d’eux même. C’est assez ludique et le goût de l’eau salée plaît en général aux enfants. L’utilisation du spray nasal est intéressante pour encourager l’enfant à participer à la toilette du nez et lui apprendre à se moucher. Le mouchage sera possible vers l’âge de 2 ans, ce sera ensuite la technique de choix pour se laver le nez.
Utilisez des sprays de solution d’eau de mer adaptés aux jeunes enfants. Les sprays contenant une formule avec un décongestionnant ne sont pas indiqués pour les bébés sans prescription médicale.
Quelles méthodes utiliser en fonction de l’importance de l’encombrement ?
Si le nez ne paraît pas bouché, la technique sans pression est la plus adaptée. C’est la méthode la plus douce. Elle est donc parfaite pour l’hygiène quotidienne du nez des tout-petits. Elle peut être réalisée dès la naissance.
Si le nez coule, ou qu’il paraît plein dans sa partie superficielle, alors la technique en pression est la plus adaptée. Elle permet de bien déboucher la partie superficielle du nez. Lorsque le mucus est purulent et épais, le mouche bébé permet de dégager rapidement le conduit nasal.
Une fois la partie superficielle dégagée, il est possible d’utiliser la technique sans pression en complément. Cela permet d’envoyer un peu de sérum physiologique fluidifier les mucosités dans la partie profonde de la cavité nasale.
Le lavage de nez en prévention
Un lavage de nez quotidien est utile pour les nouveau-nés, une ou deux fois par jour, même en l’absence de congestion. Le lavage de nez en prévention peut aussi être pratiqué pour les enfants plus grands, une fois par jour, avec un spray nasal. Attention cependant, cela ne doit pas devenir une obsession et on évitera de laver le nez excessivement.
Le lavage de nez comme traitement
De nombreuses maladies qui touchent les bébés, comme les rhinites, les rhumes, la bronchiolite… se manifestent par une congestion des voies aériennes supérieures.
Si le nez commence à couler ou à se boucher, il faut donc prendre soin de le laver 5 à 6 fois par jour, en fonction des besoins, pour soulager les symptômes et limiter le risque de surinfections bactériennes ou les complications comme les sinusites ou bronchites.
En cas de congestion nasale chronique, associée à des éternuements, une irritation oculaire ou cutanée, il faut penser à une éventuelle rhinite allergique. Un allergène peut dans ce cas être responsable d’une réaction allergique. Il peut s’agir de poussières, d’acariens, de pollen, de poils d’animaux, de moisissures, de champignons (humidité sur les murs) ou encore de parfums… Le lavage de nez reste indispensable et constitue un traitement symptomatique mais il faudra pouvoir déterminer les allergènes en cause afin de limiter l’exposition. En cas de doute, parlez-en à votre pédiatre, il pourra en plus vous prescrire si besoin des traitements contre l’allergie.
Si après la lecture de cet article, vous avez encore des doutes sur la manière de laver le nez de votre enfant, ou hésitez à le faire, demandez conseil à un professionnel de santé (pédiatre, sage-femme, kinésithérapeute). Il pourra vous montrer comme réaliser le lavage du nez de votre enfant en toute sécurité.
Article écrit et illustré par Pierre Del Aguila, Masseur-Kinésithérapeute DE, Ostéopathe D.O., Enseignant en Thérapie Manuelle et papa artiste