Constipation bébé : que faire quand bébé est constipé ?

Votre bébé ou votre enfant n’a pas fait de selles depuis plusieurs jours ? Il se tortille, a le ventre gonflé et douloureux ? Il fait de gros efforts de poussée avant de déféquer ? Il est très probable qu’il soit constipé.

Fréquente, la constipation bébé correspond à un ralentissement passager du transit avec des difficultés à aller à la selle. Bien qu’elle soit source d’inquiétude chez les parents, elle est le plus souvent liée à un simple trouble fonctionnel. Une alimentation adaptée et des apports en eau suffisants permettent dans la majorité des cas de stimuler le transit et de revenir à une situation normale. Certains cas de constipation nécessitent cependant un avis médical.

Comment reconnaître les symptômes de la constipation chez un nourrisson ? Quand consulter le pédiatre ? Comment soulager bébé ?

Mécanismes de la constipation

Le transit intestinal

Le transit intestinal correspond à la progression des aliments au cours de la digestion depuis la sortie de l’estomac jusqu’à leur expulsion dans les selles. Il est assuré par l’intestin grêle et le colon sous l’effet de la contraction des muscles des viscères abdominaux.

Rythme de digestion

Le rythme de digestion normal est propre à chacun et très variable d’un bébé à l’autre. Chaque nouveau-né (mais aussi chaque enfant ou adulte) possède son propre rythme déterminé par la fréquence des selles.

Certains bébés ont ainsi une selle tous les 3 ou 4 jours (parfois bien plus) de façon tout à fait physiologique quand d’autres bébés font plusieurs selles par jour. Ce rythme est lui-même variable pour un même bébé en fonction de son âge, de son alimentation, du stress et de nombreux autres facteurs.

Chez les nourrissons allaités au sein, les selles peuvent être rares (1 selle tous les 7 à 10 jours) de manière normale, l’absorption du lait maternel laissant peu de résidus alimentaires à évacuer. Tant que bébé ne présente pas de maux de ventre et que ses selles gardent une consistance molle, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Les selles deviennent ensuite plus fréquentes au moment de la diversification et de l’alimentation solide. Le rythme des selles tend à se stabiliser à l’âge de 3-4 ans.

Dans certaines conditions modulées par un ensemble de facteurs (alimentation, hydratation, facteurs psychologiques), le transit peut augmenter ou ralentir par rapport à la normale (propre au bébé) créant une variation plus ou moins soudaine de la fréquence des selles.

La constipation

La constipation correspond à un ralentissement du transit et/ou à une difficulté de défécation (dyschésie). Les selles sont plus rares, plus dures et peuvent être plus difficiles à évacuer.

Elle touche 1 à 8% des bébés et 10 à 35% des enfants. Elle est moins fréquente chez les bébés allaités.

On parle de constipation de transit en cas de ralentissement de l’avancée des selles au niveau du côlon et de constipation terminale lorsque les selles s’accumulent dans le rectum.

Dans 95% des cas, la constipation est liée à un trouble fonctionnel transitoire. Dans 5% des cas, elle peut traduire une atteinte organique ou une pathologie.

Si votre bébé de moins de 6 mois pousse pendant plusieurs minutes et devient rouge avant d’évacuer des selles normales ou molles, il s’agit peut-être d’une dysphasie infantile. Elle correspond à un manque de coordination entre les muscles abdominaux et ceux du plancher pelvien et peut entraîner une difficulté à la défécation qui ne doit pas être confondue avec une constipation. Elle apparaît au cours des premiers mois de vie et disparaît d’elle-même en quelques semaines avec l’acquisition des mécanismes de défécation.

Symptômes de la constipation

Les symptômes de la constipation sont des douleurs abdominales, un ventre gonflé, plus dur et plus sensible, des ballonnements, des efforts de poussée plus importants et des douleurs à la défécation. Les selles peuvent être striées de sang en cas de lésions anales au cours de l’expulsion.

Chez les nourrissons, les douleurs abdominales se manifestent par une irritabilité, des pleurs, une tendance à gigoter et un inconfort. Au cours de la défécation, les efforts de poussée peuvent être douloureux avec un bébé qui crie, devient tout rouge ou s’agite anormalement.

Les selles normales d’un nouveau-né sont normalement moulées ou semi-liquides. Dans le cas d’un bébé constipé, ces selles deviennent plus dures et peuvent prendre la forme de petites billes.

Les douleurs abdominales sont en générale soulagées après l’évacuation de gaz ou de selles.

La constipation se traduit parfois par un épisode de diarrhée de faible volume appelé fausse diarrhée de constipation qui alterne avec des épisodes de constipation.

La diminution de la fréquence des selles est à prendre en considération mais ne doit pas inquiéter en en l’absence d’autres symptômes. L’apparition de douleurs abdominales ou à la défécation, d’un ventre gonflé ou dure, sensible au toucher, d’une irritabilité, d’une difficulté à la défécation avec des efforts de poussée inefficaces doivent en revanche alerter.

Causes de la constipation

La constipation chez le bébé et l’enfant est habituellement fonctionnelle ce qui signifie qu’elle correspond à un simple trouble passager bénin. Elle est le plus souvent causée par des facteurs alimentaires :

- Biberons mal préparés avec une quantité d’eau insuffisante par rapport à la quantité de lait en poudre

- Changement d’alimentation (passage du lait maternel au lait artificiel, marque de lait ou d’eau minérale pour la préparation du biberon, diversification alimentaire)

- Apports en eau insuffisants avec déshydratation (saison estivale, épisode de fièvre)

- Alimentation pauvre en fibres ou consommation en excès d’aliments constipants (chocolat, riz).

Un changement d’environnement (entrée en crèche, rentrée scolaire, déménagement, apprentissage de la propreté) ou d’autres facteurs psychologiques peuvent constituer un stress que l’enfant manifeste par un épisode plus ou moins durable de constipation.

De manière plus générale, le manque d’activité physique peut également favoriser la constipation.

Pour différentes raisons (peur d’éprouver de la douleur, appréhension à aller aux toilettes), des enfants peuvent se retenir et se retrouver constipés. Ce trouble est fréquent lors de l’acquisition de la propreté et doit être surveillé.

Enfin, il est important de noter que certains traitements médicamenteux exercent une influence sur le transit et peuvent favoriser la survenue d’un épisode de constipation.

Plus rarement la constipation chez le bébé ou l’enfant peut être en lien avec :

- Un trouble organique (anomalie anale, rachidienne, syndrome obstructif intestinale)

- Une occlusion néonatale (obstruction partielle ou totale des voies digestives du nouveau-né) 

- Une pathologie sous-jacente (maladie hormonale, neurologique, etc.).

La constipation accompagne fréquemment certaines maladies comme la maladie d'Hirschsprung (maladie congénitale rare de l'innervation de l'intestin distal représentant 1 cas sur 5 000), le syndrome de pseudo obstruction intestinale chronique caractérisé par une anomalie de la motricité du tube digestif ou la mucoviscidose.

Complications de la constipation 

La constipation est le plus souvent bénigne et passagère mais les constipations sévères existent et se traduisent par une majoration des signes cliniques de la constipation.

L’occlusion intestinale constitue une complication possible de la constipation mais peut également dans certains cas en être la cause. Elle se traduit par l’arrêt des gaz et des matières fécales, un ventre qui gonfle et devient de plus en plus douloureux, des vomissements. Elle doit être prise en charge en urgence.

La multiplication des épisodes de constipation favorise la chronicisation de l’affection. La constipation chronique peut résulter de multiples facteurs (constitutifs, alimentaires, psychologiques) qu’il est important d’identifier afin d’en limiter l’installation. Si votre enfant présente plusieurs épisodes consécutifs de constipation, consultez le pédiatre.

Chez les enfants constipés, les douleurs à la défécation ou les lésions qui en résultent (lésion de la marge anale, fissure anale) peuvent entraîner une appréhension à la défécation qui amène l’enfant à se retenir et instaure un cercle vicieux qui aggrave la constipation. L’enfant peut présenter une sensation d’exonération incomplète, un sentiment d’obstruction, une perte de la sensation de besoin. Ces signes doivent vous amener à consulter.

Les selles stagnantes peuvent aussi former un fécalome, c’est-à-dire une grosse masse dure très difficile à évacuer et constituant un bouchon de selles. Elle peut se traduire paradoxalement par l’émission incontrôlée de sécrétions fécaloïdes c’est-à-dire de petites quantités de selles plus liquides qui fuient et souillent les sous-vêtements lorsque l’attention de l’enfant se relâche.

La rétention chronique des selles peut favoriser l’encoprésie, c’est-à-dire l’émission incontrôlée de selles chez un enfant de plus de 4 ans. Elle nécessite une prise en charge.

Enfin, la constipation chronique chez les petites filles peut s’accompagner d’infections urinaires qui peuvent apparaître de manière récurrente.

Ces complications peuvent la plupart du temps être évitées avec un avis médical précoce et une prise en charge adaptée.

Quand consulter un médecin ?

La constipation se résout en général spontanément. S’il n’est pas indispensable de consulter le pédiatre pour un épisode simple, isolé et spontanément résolutif, il est cependant nécessaire de consulter et d’avoir un suivi lorsque :

- Les symptômes persistent ou s’aggravent en dépit de l’application des conseils alimentaires et diététiques

- Les douleurs abdominales sont importantes et/ou augmentent graduellement

- Le ventre est très gonflé et très sensible, douloureux au toucher ou à la mobilisation avec un inconfort manifeste

- L’enfant est irritable, agité, présente des troubles du sommeil, pleure, crie

- La défécation est douloureuse avec des selles qui peuvent être teintées de sang

- Il existe une appréhension à la défécation avec un enfant qui se retient, ce qui tend à aggraver la constipation

- Il y a une absence de selles mais aussi de gaz ou une suspicion d’un arrêt des matières et des gaz

- L’enfant vomit.

Le médecin par l’interrogatoire et l’examen clinique cherchera à déterminer la condition symptomatique mais également les causes éventuelles à l’origine des troubles. En cas de signes évocateurs d’une cause organique ou d’une pathologie sous-jacente, il pourra prescrire des examens complémentaires (manométrie anorectale, lavement baryté, biopsie rectale, etc.) et vous orienter vers un spécialiste. Dans la majorité des cas, aucun examen complémentaire n’est nécessaire.

Le traitement de la constipation fonctionnelle passe d’abord par des mesures hygiéno-diététiques (apports liquidiens suffisants, alimentation riche en fibres, exercice physique). Elles doivent être adaptées en fonction de l’âge et sont le plus souvent suffisantes.

En cas d’échec ou d’inconfort important, le pédiatre pourra prescrire un traitement pour favoriser l’évacuation des selles (laxatifs, lavements) ou pour calmer les douleurs intestinales (antispasmodiques).

Les traitements laxatifs permettent de ramollir les selles afin de favoriser leur évacuation. En cas de prescription d’un traitement laxatif, il est important de suivre scrupuleusement les recommandations de votre médecin.

Le lavement est parfois indiqué pour aider à l’évacuation des fécalomes. Il est pratiqué dans un cadre médical avec un suivi et une surveillance adaptée.

Les traitements antispasmodiques permettent de diminuer l’irritabilité intestinale et les douleurs spasmodiques.

L’automédication dans le cadre de la constipation est à proscrire.

En cas de constipation, si votre enfant présente de la fièvre, évitez l'utilisation du thermomètre par voie rectale qui peut entraîner des douleurs ou aggraver des lésions existantes (fissure ou ulcération de l’anus.)

Le traitement de la constipation organique dépend de la cause identifiée. 

Que faire pour soulager un bébé constipé ?

Pour soulager la constipation fonctionnelle de votre bébé, vous pouvez commencer par mettre en place certaines mesures hygiéno-diététiques dont l’objectif est de corriger le volume et la consistance des selles.

Chez le bébé constipé de moins de 6 mois :

En cas de constipation au cours des premiers mois de vie, donnez à boire à votre bébé constipé en dehors des tétées et des biberons, massez-lui le ventre dans le sens des aiguilles d’une montre avec une huile neutre comme l’huile d’olive ou d’amande douce et repliez et dépliez ses jambes sur l’abdomen plusieurs fois par jour.

En cas d’allaitement au biberon, privilégiez au quotidien une eau faiblement minéralisée type Mont Roucous, Montcalm, Volvic ou Evian. En cas de constipation, substituez une petite partie de l’eau du biberon par une eau riche en magnésium de type Hépar, Contrex, Courmayeur reconnues pour leurs effets contre la constipation. En cas d’allaitement au sein, vous pouvez proposer en dehors des tétées l’équivalent de quelques cuillères à café par jour de ces eaux à l’aide d’une cuillère ou d’une pipette.    

L’utilisation d’une eau riche en magnésium doit se limiter à de petites quantités sur une période de 2-3 jours.

Si bébé n’aime pas l’eau, vous pouvez donner quelques cuillères à café de jus de fruits frais (pomme ou pruneau) ou de bouillon de légumes mélangées à de l’eau riche en magnésium : c’est un remède de grand-mère instantané contre la constipation bébé. Le jus de pomme ou de pruneau est riche en sorbitol qui attire l’eau dans l’intestin et permet de ramollir les selles. Il doit être donné en petites quantités et sur quelques jours seulement.

Chez le bébé allaité constipé, pensez également à augmenter votre propre ration hydrique en plus des autres conseils (conseils hygiéno-diététiques, massage abdominal, gymnastique abdominale, etc.).

Chez le bébé nourri au biberon :

- Assurez-vous de bien préparer le biberon en suivant scrupuleusement les indications pour le dosage du lait en poudre (30 ml d’eau pour une cuillère mesure rase de poudre de lait)

- Substituez l’eau habituellement destinée à la préparation du biberon par une eau minérale riche en magnésium (Hépar®, Contrex® ou Courmayeur®) pour un biberon par jour seulement et sur 2-3 jours maximum après avoir demandé un avis médical

- N’ajoutez pas de farine ni d’épaississants au biberon

- Il existe des laits spécial transit et anti-constipation pour bébé constipé qui contiennent moins de caséine ou plus de lactose. Demandez conseil à votre pédiatre.

En cas d’échec de ces mesures hygiéno-diététiques, un laxatif peut être prescrit, y compris dans le cas d’une constipation d’un bébé d’un mois ou deux seulement, afin de régulariser le transit.

Chez le bébé constipé en diversification alimentaire ou diversifié :

- Proposez de l’eau régulièrement, en particulier lorsqu’il fait chaud ou lorsque bébé est malade. Évitez les boissons sucrées.  

- Favorisez une alimentation riche en fibres (céréales complètes ou intégrales, fruits et légumes type dattes, prunes, figues, fenouil, courgettes, légumineuses, noix, graines)

- Limitez les aliments constipants (chocolat, banane, coing)

- Proposez un fruit frais plutôt que du jus de fruits

- Ajoutez des fruits aux céréales pour le petit déjeuner

- Proposez au repas un bouillon de légumes ou de viande

- Les pruneaux sous toutes leurs formes peuvent aider à condition qu’ils soient donnés en petites quantités et sur un temps limité : pruneaux, jus de pruneau, compotes pomme pruneau

- Favorisez l’activité physique et les déplacements actifs (marcher pour aller à l’école).

Chez l’enfant en apprentissage de la propreté ou propre :

- Suivez les conseils diététiques précédents

- L’apprentissage de la propreté prend un temps variable en fonction des enfants. Il dépend autant de la maturation du système nerveux que de la mise en place d’habitudes. Il doit se faire au rythme de l’enfant, en cherchant à éveiller sa curiosité. Une attitude positive, de la souplesse et de la patience sont indispensables pour ne pas mettre l’enfant en position d’échec, ce qui pourrait constituer un facteur favorisant la constipation.

- Essayez d’instaurer une routine quotidienne pour aller aux toilettes 2 à 3 fois par jour à heure régulière, de préférence 20 à 30 minutes après les repas au moment du réflexe gastro-colique (arrivée des aliments qui pousse sur le côlon)

- Proposez-lui régulièrement d’aller aux toilettes

- Placez un support ferme et plat sous les pieds lorsque l’enfant va aux toilettes

- Limitez le temps passé sur les toilettes au temps nécessaire pour faire la commission. Un temps trop long peut favoriser l’apparition d’hémorroïdes et la constipation.

- Evitez les distractions comme les livres ou les écrans aux toilettes.

Le moment d’aller à la selle doit être vécu par l’enfant comme un moment positif afin d’éviter qu’il ne se retienne.

Quelque-soit l’âge de l’enfant, le massage est une aide précieuse, pour son action mécanique mais aussi parce qu’il calme et relaxe.

Conclusion

La constipation regroupe un ensemble de symptômes associés au ralentissement du transit. Il faut pouvoir en surveiller l’évolution. Dans la majorité des cas, elle se résout spontanément en quelques jours avec l’application de conseils alimentaires simples et des apports en eau suffisants. Si la constipation simple ne doit pas vous inquiéter, une attention particulière est cependant nécessaire.

En cas de doute, d’aggravation des symptômes ou d’une multiplication des épisodes de constipation, consultez le pédiatre pour essayer d’identifier les causes à l’origine de ces troubles. Il est important de ne pas laisser la situation s’installer.

 

Article écrit et illustré par Pierre Del Aguila, Masseur-Kinésithérapeute DE, Ostéopathe D.O., Enseignant en Thérapie Manuelle et papa artiste