Colique bébé : symptômes et conseils pour la soulager

Votre bébé se tortille soudainement après un repas, devient rouge, pleure et semble inconsolable ? Il s’agit peut-être de coliques.

Les coliques correspondent à des crises intenses de cris et de pleurs qui surviennent habituellement après une tétée ou un biberon chez un nouveau-né, quelques semaines après sa naissance et avant l’âge de 3-4 mois environ. Elles sont le plus souvent associées à des spasmes de l’intestin au cours de la digestion.

Aussi impressionnantes que soient les crises, les coliques du nourrisson sont en général bénignes. Néanmoins, il est indispensable de demander un avis médical et de prendre des mesures pour soulager bébé.

Comment reconnaître la colique du nourrisson ? Quand consulter le médecin ? Comment prévenir les crises et soulager bébé ?

Qu’est-ce qu’une colique bébé ?

La colique bébé correspond à un inconfort à la digestion survenant après un biberon ou une tété qui se traduit par des épisodes de pleurs répétés ou prolongés plus ou moins accompagnés de signes digestifs et souvent soulagés par l’émission de gaz.

La crise peut être intense, d’apparition soudaine puis cesse en général d’elle-même. Cette situation contraste avec les épisodes de pleurs fréquents de certains nourrissons en dehors des repas qui sont vites apaisés par l’intervention des parents.

Si les pleurs représentent un des principaux signes cliniques de la colique, tous les pleurs de bébé ne traduisent pas nécessairement une colique du nourrisson.

Les coliques durent de quelques semaines à plusieurs mois chez les bébés. Elles apparaissent en général 2 à 3 semaines après la naissance. Le pic est couramment observé au cours du deuxième mois, vers la 6ème semaine de vie, puis diminue régulièrement jusqu’à 12 semaines. Elles disparaissent spontanément entre l’âge de 3 à 4 mois.

Leur prévalence est comprise entre 10 et 40% selon les études. Cette variabilité s’explique par les divergences dans la manière dont sont définies les coliques (uniquement par la durée et l’intensité des pleurs, par la manière dont le phénomène est vécu par les parents ou par l’existence d’un trouble gastro-intestinal). Elles touchent 17 à 25% des nourrissons au cours des 6 premières semaines de vie, 11% entre les 8ème et 9ème semaines de vie et 0,6% entre les 10ème et 12ème semaines.

Bien que bénignes et transitoires, les coliques sont souvent source d’inquiétude chez les parents qui peuvent se sentir impuissants. Elles constituent ainsi un motif fréquent de consultation.  

Quels sont les symptômes d’une colique bébé ?

Les symptômes d’une colique bébé peuvent inclure :

- Des crises de pleurs importantes, répétées ou prolongées pendant lesquelles bébé semble inconsolable

- Une agitation avec bébé qui se tortille et gesticule dans tous les sens

- Une souffrance visible avec un visage rouge, un front plissé, les poings serrés, les jambes repliées sur l’abdomen

- Un ventre gonflé par les ballonnements et sensible au toucher

- L’émission de gaz ou de selle qui soulagent les crises.

Les crises se manifestent plus volontiers dans l’après-midi ou en début de nuit lorsque bébé est en position allongée. Elles peuvent l’empêcher de s’endormir ou bien perturber son sommeil.

Plus rarement, les coliques du nourrisson peuvent constituer un symptôme d’une pathologie sous-jacente comme un reflux gastro-œsophagien simple, une œsophagite, une allergie aux protéines de lait de vache ou une intolérance au lactose.

Les infections intestinales comme les gastro-entérites peuvent se traduire par un inconfort similaire chez l’enfant. Si les coliques sont accompagnées d’autres signes cliniques comme de la fièvre, des signes digestifs (vomissement, diarrhée, constipation), des douleurs abdominales (abdomen douloureux au toucher) ou si elles durent plus que quelques heures ou ne semblent pas rythmées par les repas, il ne s’agit probablement pas de coliques à proprement parler mais de signes cliniques traduisant une autre pathologie. En cas de présence de symptômes associés aux coliques, il est indispensable de consulter un médecin rapidement.

Quelles sont les complications d’une colique bébé ?

Il n’y a pas de complication directe des coliques bébé. Cependant, elles pourraient être un facteur favorisant l’émergence d’autres pathologies à l’âge adulte.

Un enfant sujet aux coliques aurait ainsi plus de chances de souffrir de troubles intestinaux chroniques (troubles digestifs, ballonnements, sensibilité). Un lien semble également établi entre les coliques, l’eczéma atopique, les maladies allergiques (allergie alimentaire, rhume des foins, allergies saisonnières ou environnementales), ces pathologies se développant en général sur un terrain atopique ou allergique héréditaire.

Quelles sont les causes d’une colique bébé ?

La cause de la colique bébé est mal connu mais plusieurs mécanismes semblent être à l’œuvre dans cette affection :

- Une immaturité du tube digestif et/ou du système nerveux autonome  

- Une absorption d’une trop grande quantité d’air en tétant ce qui se traduit par de l’aérophagie ou des ballonnements qui peuvent contribuer à l’inconfort digestif

- Une intolérance ou une allergie à certaines substances issues de l’alimentation maternelle qui peuvent passer dans le lait maternel. La consommation de produits laitiers en grosse quantité ou de certains fruits ou épices par la mère peuvent favoriser les symptômes de l’enfant.

- En cas d’alimentation au biberon avec du lait infantile, une allergie aux protéines du lait de vache ou une intolérance au lactose.

D’autres hypothèses existent :

- La composition de la flore intestinale (quantité et qualité des bactéries) pourrait jouer un rôle dans l’apparition de coliques ou des allergies alimentaires en influençant le transit et la production de gaz.

- Les états émotionnels du bébé ou même ceux de la mère (stress, anxiété, etc.) pourraient favoriser l’apparition de coliques, l’enfant exprimant alors ce stress par un inconfort à la digestion. 

Quand faut-il consulter le pédiatre ?

En cas d’apparition de crises de pleurs répétées ou prolongées chez le bébé accompagnées ou non d’inconfort digestif, il est important de consultez un pédiatre. Il pourra examiner votre enfant et vérifier l’absence d’une pathologie sous-jacente comme une infection, un reflux gastro-œsophagien simple, une œsophagite, une allergie aux protéines de lait de vache ou une intolérance au lactose. En cas de doute, il pourra prescrire des examens complémentaires comme une prise de sang, une échographie abdominale ou un examen des selles. Un terrain familial atopique et des éventuelles allergies alimentaires pourront également être recherchées. Une pathologie avérée est identifiée dans seulement 5% des consultations ayant pour motif des pleurs excessifs.

Le diagnostic de colique est en général posé une fois que les autres étiologies pouvant être responsables de pleurs et de douleurs abdominales chez le nourrisson ont été éliminées.

En cas de coliques simples, le pédiatre cherchera avant tout à vous rassurer, vous conseiller sur les moyens de soulager bébé et si besoin vous prescrire des médicaments. L’objectif est avant tout de diminuer l’anxiété parentale par une écoute bienveillante, plus que de guérir la colique qui n’est pas d’origine pathologique.

Plusieurs signes doivent vous conduire à consulter le médecin rapidement :

- si les crises de pleurs sont très importantes

- si les coliques ne cessent pas au bout d’une heure ou deux

- si bébé a de la fièvre ou présente des signes digestifs (vomissement, diarrhée)

- si son ventre présente une sensibilité anormale (douleur au toucher)

- si les symptômes s’aggravent, que bébé rencontre des difficultés pour manger ou bien refuse de s’alimenter ou de boire

- si vous vous sentez dépassée et n’arrivez plus à faire face.

Si bébé vomit systématiquement tout ce qu’il absorbe, si les selles sont teintées de sang, en cas de diarrhée très importante ou à l’inverse d’un arrêt des gaz et des matières pouvant évoquer une occlusion, consultez en urgence.

Comment soulager la colique bébé ?

Le traitement destiné à soulager la colique bébé associe des mesures hygiéno-diététiques (limitation de l’air ingéré, rot, choix du lait) et des moyens physiques (port du bébé, balades, massages) avec éventuellement un traitement médicamenteux et des thérapeutiques complémentaires.

Mesures hygiéno-diététiques

Les mesures hygiéno-diététiques ont pour but de limiter les causes possibles de la colique bébé.

En cas d’allaitement maternel :

- Vérifiez que bébé prenne bien le sein en bouche afin de limiter l’air absorbé

- Donnez-lui un seul sein par tétée jusqu’à ce qu’il s’arrête de lui-même, proposez le deuxième seulement s’il a encore faim. Le lait maternel est riche en sucres au début de la tétée, en protéines au milieu et en graisses à la fin. Si vous changez de sein avant la fin de la tétée, votre bébé ingère plus de sucres ce qui accélère la digestion et favorise les coliques, les gaz, les selles explosives, vertes etc.

- Ne limitez pas le nombre de tétées et n’attendez pas que bébé soit affamé pour lui proposer le sein

- Soyez attentive à ce que vous mangez et à la modulation des crises. Si vous pouvez faire le lien entre un aliment et les crises de coliques, arrêtez ou limitez la consommation des aliments suspectés pendant quelques jours pour voir si les coliques se calment. Le lait ou les produits laitiers, aliments acides, crudités, légumes difficiles à digérer, oignons, légumineuses, choux, épices, soda, alcool, caféine, boissons gazeuses sont parfois en cause.

En cas de biberon :

- Veillez à bien reconstituer le lait

- Utilisez une tétine à faible débit

- Quel que soit la forme de la tétine, collez bien le biberon à la bouche de bébé et veillez à son inclinaison afin de limiter l’air absorbé

- Fractionnez les biberons si bébé est un peu glouton

- Si vous suspectez le lait d’être responsable des troubles, parlez-en à votre médecin. Il existe des laits sans lactose ou des laits infantiles spécifiques moins allergisants. Ne changez pas le régime alimentaire de votre bébé sans avis médical.

Quel que soit le mode d’alimentation :

- Donnez les repas dans une atmosphère calme et apaisante

- Faites 1 ou 2 pauses pendant le repas afin de lui faire faire plusieurs rots

- Après le repas, prenez le temps de faire faire son rot à bébé et attendez un peu avant de le coucher

- Vérifiez que bébé a le nez bien dégagé. En cas d’obstruction des voies nasales (rhinite), il peut en effet avaler plus d’air en tétant. Maintenez une bonne hygiène du nez. En cas de rhume, pensez à lui laver le nez avant le repas.

- Supprimez l’exposition au tabagisme, les études montrent que les coliques bébé sont deux fois plus fréquentes lorsque la mère fume.  

Moyens physiques

Lors d’une crise de colique, il n’y a pas de remède miracle mais plusieurs moyens physiques peuvent être mis en place pour soulager bébé :

- posez une bouillote tiède sur le ventre de bébé, la chaleur favorise la détente

- prenez-le dans vos bras pour le réconforter ou le bercer ou allongez-vous pour un moment de peau à peau

- donnez-lui un bain chaud

- faites une promenade en écharpe, porte-bébé, poussette ou voiture, certains bébés sont calmés par le mouvement

- parlez-lui tendrement, chantez-lui une chanson ou faites-lui écouter de la musique douce

- proposez-lui une tétine ou votre doigt (bien propre), la succion peut parfois aider à apaiser bébé

- massez-le si cela semble le calmer. Le massage a une action apaisante. Vous pouvez masser l’ensemble du corps, les bras, les jambes ou le dos. Si cela semble faire du bien à bébé, n’hésitez pas à lui masser le ventre, soit en le mobilisant délicatement de droite à gauche, soit en massant doucement l’abdomen dans le sens des aiguilles d’une montre. En cas de ballonnement ou de colique, la gymnastique abdominale aide à évacuer les gaz : mettez bébé en position couchée sur le dos, repliez tout doucement ses jambes sur son abdomen, puis laissez-les revenir à leur position neutre avant de les étendre doucement puis de recommencer.

Essayez autant que possible de rester calme quel que soit l’intensité des pleurs ou des cris de l’enfant. Rappelez-vous que ces crises sont bénignes et transitoires, respirez un grand coup et faites au mieux. Si vous vous sentez trop fatiguée ou irritable, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre entourage.

Traitement médicamenteux

En cas d’inconfort important, le pédiatre pourra prescrire des médicaments contre les ballonnements ou des antispasmodiques pour soulager les spasmes de l’intestin. Cependant aucun médicament n’a réellement fait la preuve de son efficacité dans le cadre de la colique du nourrisson.

Approches complémentaires

Devant l’absence de traitement médical codifié et efficace, de nombreuses approches complémentaires existent pour soulager les coliques bébé de manière naturelle. Si leur efficacité n’est pas clairement démontrée, elles peuvent néanmoins contribuer à aider.

Ostéopathie

L’ostéopathe peut aider à relâcher les tensions tissulaires (diaphragme, péritoine, tensions musculaires), détendre bébé et contribuer à améliorer son confort. Il pourra aussi vous recommander des exercices à effectuer avec bébé au quotidien pour limiter les crises ou faciliter l’évacuation des gaz en cas de ballonnements.

Probiotiques

Plusieurs études ont démontré un effet prophylactique et une efficacité thérapeutique d’un probiotique issu du lait maternel, le Lactobacillus reuteri, dans la diminution des pleurs liés à la colique bébé, en particulier chez les nourrissons en allaitement exclusif. Le Lactobacillus reuteri est l’une des premières souches à coloniser le tube digestif de bébé. Son administration permettrait de réduire l’inflammation intestinale et de favoriser un nouvel équilibre de la flore bactérienne.

Phytothérapie

Des tisanes à base de plantes comme le fenouil, le tilleul, la camomille ou la verveine, réputées pour leurs propriétés spasmolytiques, peuvent permettre d’améliorer le confort digestif et de limiter la colique bébé. Vous pouvez donner ces tisanes en toute petite quantité à votre nourrisson tout au long de la journée. Si vous allaitez, vous pouvez consommer une tisane allaitement à base de graines de fenouil environ 20 min avant l’allaitement car les effets de l’infusion vont passer dans le lait maternel et ainsi soulager la colique bébé. Le fenouil permet également de stimuler la lactation.

Complément alimentaire

La Calmosine® est un complément alimentaire à base de plantes (graines de fenouil, tilleul, fleur d’oranger) qui peut aider à améliorer la digestion et à apaiser la colique bébé. Elle se présente sous la forme d’un sirop que vous pouvez administrer à votre nourrisson par dose de 5 ml avant chaque tétée ou biberon jusqu'à 6 fois par jour.

Eau de chaux

L’eau de chaux est une préparation à base de chaux aérienne et d’eau qui peut permettre de soulager la colique du nourrisson en facilitant la digestion et l’émission de gaz. Vendue en pharmacie, vous pouvez en donner à votre bébé sous la forme d’une cuillère à café avant chaque tétée ou biberon.

Julep gommeux

Le julep gommeux est une préparation à base d’eau de chaux, de carbonate de calcium, de gomme arabique, de fleur d’oranger, de sirop et d’eau purifiée qui peut aider à atténuer la colique bébé. Le carbonate de calcium réduit l’acidité gastrique, la fleur d’oranger améliore la digestion et le sucre apaise. Il n’est administré à l’enfant de moins de 3 mois que sur prescription. Respectez la posologie indiquée par votre pharmacien.

Ce qu’il faut éviter

- Avoir des pensées négatives devant les pleurs de son enfant (sentiment d’impuissance, d’incompétence etc.) ce qui peut favoriser l’installation d’un syndrome dépressif post-partum et avoir une influence sur le développement du lien affectif mère-enfant

- Arrêter un allaitement au sein et démarrer la diversification alimentaire précocement

- Changer fréquemment de type de lait artificiel

- Effectuer un régime hypoallergénique

- Donner des traitements sans avoir consulté un médecin au préalable.

Les pleurs incessants du bébé peuvent être très irritants et frustrants pour les parents. Ils favorisent le risque de syndrome du bébé secoué qui peut entraîner de graves complications et mettre en jeu le pronostic vital. La prévalence du syndrome du bébé secoué est d’environ 100 cas par an en France. Si vous vous sentez dépassée ou épuisée par les pleurs de votre enfant, demandez de l’aide.

Conclusion

La colique du nourrisson est une affection fréquente, temporaire et sans conséquence sur le développement de votre nourrisson. Elle se traduit néanmoins par des crises intenses et une souffrance manifeste de l’enfant. En cas de symptômes, un avis médical est indispensable afin de déterminer les facteurs favorisant la survenue des crises et de les limiter. Lors d’une crise, restez calme et essayez de soulager votre enfant au mieux.

 

Article écrit et illustré par Pierre Del Aguila, Masseur-Kinésithérapeute DE, Ostéopathe D.O., Enseignant en Thérapie Manuelle et papa artiste