Couche bébé alerte ! Le magazine français 60 millions de consommateurs a publié plusieurs enquêtes alarmantes concernant la présence de substances toxiques dans la très grande majorité des couches pour bébé. Ce constat sévère a ensuite été confirmé par le rapport de l’Anses, rédigé à la demande du gouvernement français, et publié en 2019. Les couches testées étaient pour la plupart des couches vendues en grande surface.
Lorsque l’on sait que 95% des bébés portent des couches jetables, il s’agit d’un sujet majeur. Bien que tout ça ne soit pas très rassurant pour les jeunes parents que nous sommes, des alternatives existent fort heureusement depuis quelques années.
2017 : 1ère alerte du magazine 60 millions de consommateurs
60 millions de consommateurs est un magazine indépendant qui conduit des enquêtes et des essais comparatifs de différents produits et services. Il est édité par l’Institut national de la consommation (INC) qui est un établissement public placé sous la tutelle du ministre chargé de la consommation. Ce magazine est reconnu et ses enquêtes considérées comme crédibles par les Français qui souhaitent mieux comprendre ce qu’ils achètent.
En 2017, il alerte sur la présence de résidus toxiques dans la majorité des couches pour bébé dont celles du leader du marché. Il s’agit notamment de traces de dioxines, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), de glyphosate et d’autres pesticides. Ces composés sont classés comme potentiellement toxiques, cancérigènes ou perturbateurs endocriniens par les organismes compétents dans le domaine. Le glyphosate est par exemple une molécule que l’on retrouve dans les désherbants comme le controversé Roundup.
En plus de la présence de substances indésirables, le magazine révèle que ce sont des matières plastiques qui sont en contact avec la peau des bébés. En effet, les voiles de contact à la surface des couches sont composés de polypropylène dans toutes les couches testées.
Enfin, 60 millions de consommateurs déplore l’absence de réglementation et de contrôles pour cette famille de produit. Le magazine dénonce également le manque de transparence des fabricants qui n’affichent pas la composition sur les emballages.
Suite à cela, la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, demande à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) de conduire une analyse des risques chimiques liés à la présence de ces substances dans les couches pour bébés. Elle la charge également d’émettre des recommandations quant aux modes de fabrication, à la composition et à l’information donnée au consommateur.
En parallèle, Ségolène Royal alerte aussi la Commission Européenne de l’enquête nationale menée en France.
2018 : 2ème alerte du magazine 60 millions de consommateurs
Dans un nouvel essai, 18 mois après le premier, le magazine 60 millions de consommateurs alerte à nouveau sur la présence de résidus toxiques dans plusieurs références de couches : glyphosate, pesticides, composés organiques volatils (COV) ou halogénés. Le glyphosate est suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Les COV (composés organiques volatils) sont quant à eux des polluants qui peuvent provoquer des irritations. Comme pour la première enquête, douze références ont été testées par l'Institut national de la consommation (INC). Pas très rassurant pour les jeunes parents que nous étions au moment où notre petite Robyn est née.
Le magazine rappelle que même si les teneurs en substances indésirables restent faibles, le risque sanitaire ne peut être écarté surtout sur une population aussi fragile que les bébés.
Il note aussi que les informations relatives à la composition de la couche ne figurent toujours pas sur les paquets. Seule une poignée de nouvelles marques qui prônent le « zéro résidus toxiques » l’affiche sur leur site. Il n’y a pas non plus de réglementation ou de contrôles toxicologiques ou bactériologiques en place.
Dans cette même enquête, le magazine a passé en revue plus de 150 produits d’hygiène pour bébé (liniment, eaux nettoyantes, crèmes, lingettes, etc.) et révèle là aussi la présence de substances toxiques comme le controversé phénoxyéthanol dans plus de la moitié des références testées.
2019 : Rapport alarmant de l’Anses
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) est une instance scientifique placée sous la tutelle des ministères de la Santé, de l'Agriculture, de l'Environnement, du Travail et de la Consommation. Elle est chargée de mener des missions d’évaluations des risques dans le domaine de la santé humaine, animale et végétale. En 2017, elle est saisie par la DGS, la Direction Générale de la Prévention des Risques (DGPR) et la DGCCRF afin d’évaluer la sécurité des couches pour bébé.
En janvier 2019, l’Anses publie son évaluation de risques à partir de tests réalisés sur 23 références de couches bébé commercialisées en France. Il s’agit des couches les plus vendues sur le marché français, incluant également des marques distributeurs et des couches dites écologiques. Résultat ? Un rapport sévère qui confirme la présence de substances chimiques dans les couches pour bébé à usage unique. Celles-ci présentent une quantité de substances allergisantes, reprotoxiques et cancérigènes qui dépassent les seuils sanitaires. Il s’agit principalement de 5 substances : dioxines, furanes, PCB, formaldéhyde et hydrocarbures aromatiques.
Les fabricants et distributeurs sont convoqués d’urgence par le gouvernement et doivent présenter des « actions correctives » sous 15 jours.
Les références de couches concernées ne sont pas citées. Certains parents mécontents déposent, avec une association, une plainte au Conseil de l’Etat afin de rendre public les noms des marques incriminées. Celle-ci est restée sans réponse.
Comment des substances toxiques se retrouvent-elles dans les couches pour bébé ?
L’Anses a mis en évidence trois causes qui expliquent la présence de ces substances dans les couches pour bébé. Certaines sont ajoutées intentionnellement par les fabricants comme les parfums et les lotions qui peuvent favoriser des allergies cutanées. D’autres proviennent de matières premières contaminées à la source notamment par des pesticides. Enfin, d’autres encore sont générées lors des procédés de fabrication comme le blanchiment ou le collage (PCB-DL, furanes et dioxines).
Quels sont les risques sanitaires pour la santé des bébés ?
L’Anses estime qu’à ce jour et en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’exclure un risque sanitaire lié au port des couches à usage unique.
En effet, elle considère que la zone du siège constitue un milieu chaud et humide et donc idéal pour faciliter l’absorption des substances par voie cutanée. Celles-ci peuvent « migrer dans l’urine et entrer en contact prolongé avec la peau des bébés. »
Selon l’Anses, « les substances restreintes présentent des profils de dangers sévères et les pathologies évitées sont graves, variées et latentes : cancers (tumeurs de la peau), impacts sur la fertilité et autres effets reprotoxiques, perturbation endocrinienne et sensibilisation cutanée. »
Concrètement, cela peut se traduire pour bébé par l’apparition de rougeurs, d’irritations, de petits boutons, d’eczéma voire d’un érythème fessier. Pour les effets sur le long terme, s’ils ne sont pas connus, le principe de précaution devrait s’appliquer.
Comment limiter la présence de ces substances indésirables ?
Au regard des risques liés à la présence de ces substances et de la population sensible concernée, l’Anses recommande « d’éliminer ou de réduire au maximum les substances chimiques présentes dans les couches pour bébé à usage unique. » Les industriels doivent notamment :
- Supprimer les substances parfumantes ajoutées intentionnellement et retirer certains colorants
- Renforcer les tests et les contrôles sur les matières premières sélectionnées pour éviter qu’elles ne soient contaminées à la base avant même la fabrication
- Améliorer les procédés de fabrication, en diminuant la température lors du chauffage pour les étapes de collage et en utilisant des procédés de blanchiment sans chlore ni dérivé du chlore.
L’Anses préconise également de renforcer les contrôles de ces substances dans les couches mises sur le marché. Elle souligne la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire restrictif au niveau national et européen. Elle estime que tant qu’il ne sera pas en place, les expositions et les risques pour la santé des bébés persisteraient.
En quoi consiste la proposition de restrictions pour les couches jetables ?
En Europe, 90% des enfants de 0 à 3 ans portent des couches jetables. Les couches pour bébé sont soit fabriquées en Europe soit importées sur le sol européen. Une fois en Europe, elles peuvent circuler librement. Il n’existe aucune réglementation spécifique sur les substances chimiques présentes dans les couches pour bébé.
C’est pour cette raison que l’ANSES a élaboré une proposition de restrictions qu’elle a soumise à l’ECHA, l’agence européenne des produits chimiques en octobre 2020. Si cette proposition est adoptée, à partir de 2024, tous les industriels qui vendent des couches pour bébé en Europe devront respecter ces restrictions. Cela permettrait de réglementer la commercialisation des couches et de garantir le même niveau de sécurité pour tous les produits.
La proposition vise à restreindre 200 substances et familles de substances qui sont présentes dans les couches jetables portées par 14 millions de bébés en Europe. L’Anses fixe ainsi des seuils de concentration à ne pas dépasser pour chaque substance. Elle propose également une seule et même méthode d’analyse de la présence de ces substances dans les couches pour tous, au niveau européen. Objectif ? Zéro substance nocive dans les produits de consommation courante.
2019 et 2020 : DGCCRF
A la suite de l’étude de l’Anses menée à la demande du gouvernement et des engagements pris par les fabricants, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) a mené en 2019 et 2020 une enquête sur 32 références pour faire le point. Seuls 5 références de couches ne contenaient aucune substance toxique. Les autres références contenaient des substances toxiques mais à des taux inférieurs aux seuils fixés par l’Anses.
Elle conclut à une amélioration, même si certaines substances comme le formaldéhyde se retrouve encore dans certaines références en dépassement des seuils sanitaires. Elle souhaite donc rester vigilante sur le secteur des couches via des analyses et des contrôles réguliers.
Malheureusement, au cours de cette enquête, un certain nombre de nouvelles marques made in France, qui se sont lancées sur le marché après l’alerte du magazine 60 millions de consommateurs, n’ont pas été analysées.
2020 : 3ème enquête de 60 millions de consommateurs
En 2020, 60 millions de consommateurs publie une troisième enquête comportant 8 références dont plusieurs références de couches écologiques avec des résultats encourageants.
Les substances parfumantes comme les lotions et les parfums allergisantes ont été éliminées de la plupart des références. Aucune trace de dioxine, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), de composés organiques volatils (COV), ni de glyphosate n’a été détecté.
On trouvait cependant des traces d’acide aminométhylphosphonique (AMPA) principal produit de dégradation du glyphosate, ainsi que des composés organiques halogénés absorbables (AOX), potentiellement irritants, dans plusieurs des références dont la marque leader.
L’obligation d’afficher la composition sur les emballages, obligatoire depuis 2019 n’est pas encore parfaitement respectée : elle est soit incomplète, soit absente.
Malheureusement aucune des références analysées n’étaient fabriquées en France, même pour les couches dites écologiques.
Quelles sont les alternatives ?
Les polémiques concernant la présence de substances chimiques dans les couches pour bébé, nous oblige, en tant que parents, à rester vigilants. C’est pourquoi il est important de bien veiller à vous renseigner sur la composition des couches pour bébé avant de les acheter.
Un certain nombre de nouvelles marques françaises proposent des couches sans substances toxiques. Elles publient les résultats de leurs analyses chimiques réalisées par des laboratoires indépendants sur leur site internet en toute transparence.
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Article écrit par Andrea, fondatrice de koosh et maman de Robyn et Maxine, illustré par Pierre, papa artiste