Article écrit par Dr Dragana Angelov Isak, gynécologue obstétricien au Centre Hospitalier Edmond Garcin
Enceinte de 23 semaines, le développement important de votre utérus modifie votre centre de gravité. Vous pouvez ainsi commencer à ressentir des douleurs au niveau du dos et des articulations. Du côté de votre bébé, la plupart de ses organes sont formés et maturent à leur rythme. La différenciation des organes sexuelles est maintenant complète.
23 semaines de grossesse en mois
A 23 semaines de grossesse soit 25 semaines d’aménorrhée (25ème semaine depuis le premier jour de vos dernières règles ou 25 SA), vous êtes au début de votre sixième mois.
Quel mois de grossesse ? Sixième mois sur neuf mois
Quel trimestre de grossesse ? Deuxième trimestre
Combien de semaines de grossesse reste-il jusqu’au terme de la grossesse ? 16 semaines
Grossesse semaine par semaine : développement du bébé à 23 semaines
Au cours de la 23ème semaine de gestation, l’ensemble des systèmes et des organes sont fonctionnels et poursuivent leur maturation. Le cœur bat et mobilise le sang dans le réseau vasculaire irriguant tous les tissus, le squelette s’ossifie, les muscles se renforcent, l’intestin digère (mais n’excrète pas), le rein filtre et élimine l’urine par le vois urinaires, les différentes glandes produisent et sécrètent des hormones indispensables aux mécanismes de régulation de l’organisme.
La différence sexuelle entre fille et garçon est maintenant complète. Chez la fille, le vagin s’est constitué sous la forme d’un tube creux. Chez le garçon, le pénis est bien dessiné mais les testicules ne sont pas encore descendus dans les bourses.
Le lanugo (fin duvet de poil) et le vernix caseosa (substance graisseuse et blanchâtre produite par les glandes sébacées) recouvrent l’ensemble du corps et protège la peau du contact avec le liquide amniotique. Le vernix caseosa s’épaissit progressivement.
L’ivoire des futures dents de lait commence à être sécrétée par les bourgeons dentaires.
Les cycles d’alternance entre les phases de sommeil et d’éveil sont courts à ce stade de la grossesse, de moins d’une heure. Les phases de sommeil sont souvent agitées et ne deviendront calmes que plus tard. Les phases d’éveil sont caractérisées par des mouvements plus fréquents et vigoureux.
Certains mouvements qui étaient jusqu’à présent reflexes deviennent de plus en plus volontaires. Il suffit parfois d’exercer une légère pression sur votre ventre ou de poser la main à un endroit précis pour sentir bébé venir donner un coup avec son pied, sa tête, son coude ou sa main.
Le câblage du cerveau se poursuit avec l’établissement de connexions de plus en plus nombreuses entre les neurones qui définissent des circuits neuronaux.
Taille et poids du futur bébé à 23 semaines de grossesse
Au cours de la 23ème semaine de grossesse (25 SA), le fœtus mesure environ 18 cm de la tête au coccyx et 28 cm de la tête aux talons.
Le poids du futur bébé est d’environ 760 g. Son crâne a un diamètre de 6,4 cm.
Symptômes de grossesse à 23 semaines
Sous l’effet des hormones, en particulier des œstrogènes, les ligaments des articulations s’assouplissent. Il en découle une plus grande laxité. Le volume et le poids de votre ventre modifient votre centre de gravité. Le bassin tend à se porter vers l’avant tandis que le haut du corps se déjette en arrière pour rétablir l’équilibre, entrainant une augmentation de la cambrure lombaire aussi appelée lordose. L’utérus en pleine expansion pèse de plus en plus sur les muscles du plancher pelvien. Ces modifications peuvent s’accompagner :
- de douleurs dorsales
- de douleurs musculaires
- de douleurs articulaires au niveau du bassin, des sacro-iliaques, de la symphyse pubienne, des hanches ou encore des genoux
- de syndromes canalaires avec souffrance du nerf sciatique, crurale ou fémoro-cutanée
- d’un changement de votre posture.
Les douleurs sont le plus souvent variables d’un jour à l’autre, présentes plutôt en fin de journée. Elles sont majorées par les positions prolongées, notamment la position assise devant un bureau, ou par la remise en route après une activité statique. Elles peuvent aussi être favorisées par une activité trop intense. La clé est bien entendu de bouger et de se mobiliser mais tout est question de dosage et il faudra savoir vous écouter.
Risque d’accouchement prématuré à 23 semaines de grossesse
On considère comme prématurée une naissance avant 37 SA. Les bébés nés avant 28 SA sont de très grands prématurés qui nécessitent des soins intensifs en couveuse dans une unité de réanimation néonatale. Ils représentent 5% des naissances prématurées selon l’Inserm.
Si vous ressentez des contractions fréquentes, des douleurs au bas-ventre, des saignements et/ou un écoulement liquidien, consultez en urgence. Il peut s’agir d’une menace d’accouchement prématuré.
Ventre à 23 semaines de grossesse
Votre ventre de grossesse est de plus en plus visible et pesant à 23 semaines. L’utérus s’expand au sein de la cavité abdominale et appuie sur les organes voisins.
Les modifications à ce niveau peuvent se traduire par des troubles digestifs comme la constipation ou le reflux ou par des envies fréquentes d’uriner.
Enceinte de 23 semaines : conseils à cette étape de la grossesse
Pour limiter les douleurs articulaires et musculaires au niveau du bassin et du dos, il est important de garder une activité physique adaptée à votre état et surtout d’apprendre à écouter votre corps. De manière générale, voici quelques conseils qui pourront vous aider :
- maintenez jusqu’à la fin de grossesse une activité physique que vous pouvez faire à votre rythme : la marche, la natation ou la gymnastique douce sont les pratiques les plus conseillées aux femmes enceintes tout comme le yoga prénatal.
- reposez-vous dès que vous en ressentez le besoin. La position allongée sur le côté gauche est la plus recommandée pour éviter de comprimer la veine cave inférieure située à droite de la colonne vertébrale. Vous pouvez aussi bien choisir une position dans laquelle vous vous sentez bien et qui vous permet de vous relâcher.
- effectuez des exercices de respiration profonde plusieurs fois par jour afin de relâcher le diaphragme, limiter les reflux et favoriser le transit. Pour aller plus loin, il est possible d’apprendre, au cours des séances de préparation à l’accouchement, la relaxation, la méditation ou la sophrologie.
- limitez les positions assises prolongées. Si vous travaillez dans un bureau, ménagez quelques minutes toutes les heures pour vous lever, marcher et effectuer quelques exercices simples de mobilité. Ces conseils sont valables pour les trajets en voiture, en train et en avion, au-delà de 2 heures.
- appliquez les principes d’ergonomie : pliez les genoux pour vous baisser, adoptez la posture du chevalier servant pour vous relever, évitez de porter des charges lourdes.
- soyez vigilante à votre prise de poids.
Pour améliorer votre posture et prévenir ou limiter les douleurs mécaniques c’est-à-dire celles qui apparaissent avec la mise en mouvement des articulations, voici quelques exercices simples :
- en position assise, redressez-vous légèrement puis laissez doucement rouler votre bassin vers l’avant en inspirant, puis vers l’arrière en soufflant. Faites 10 mouvements. Levez ensuite les bras en l’air en vous grandissant, inspirez profondément, marquez une pause inspiratoire puis soufflez lentement avant d’abaisser doucement les bras. Faites 5 à 10 répétitions. Ces exercices peuvent aussi être faits sur des ballons de gymnastique.
- à quatre pattes, adoptez la posture du chat en faisant le dos creux puis le dos rond, associé à de la respiration profonde.
L’ostéopathie, la chiropraxie mais aussi l’acupuncture ou le massage peuvent aider les futures mamans, en particulier celles qui ont eu plusieurs grossesses ou qui sont enceintes de jumeaux. En cas de douleurs trop gênantes, n’hésitez pas à demander conseil à un professionnel de santé qui pourra vous soulager et vous guider dans la mise en place adaptés.
Enceinte de 23 semaines : to-do list du suivi de grossesse
Effectuer votre consultation prénatale obligatoire du 6ème mois. Elle est importante pour s’assurer que la grossesse se déroule normalement. Elle comprend :
- la pesée. Une prise de poids de 6 kilos depuis le début de grossesse est considérée comme une bonne moyenne.
- la prise de la tension artérielle afin d’éliminer une éventuelle hypertension gravidique ou repérer les premiers signes d’une prééclampsie
- l’écoute des bruits du cœur fœtal et l’évaluation de son rythme et de sa fréquence (situé entre 120 et 160 battements par minute)
- la mesure de la hauteur utérine (située entre 20 et 24 cm pour une grossesse normale)
- un éventuel toucher vaginal pour contrôler la longueur et l’ouverture du col de l’utérus si vous ressentez des contractions utérines. Vous serez en effet interrogée sur la présence éventuelle de douleurs notamment au bas-ventre, de contractions utérines, de gêne urinaire, de saignements ou de sécrétions vaginales anormales.
Plusieurs examens de dépistage vous seront prescrits :
- la numération de la formule sanguine (NFS) afin de dépister une éventuelle anémie. Les femmes enceintes souffrent souvent d’une carence en fer au dernier trimestre. Votre bébé puise dans vos réserves pour produire ses propres globules rouges. En cas de carence, une supplémentation en fer et en acide folique pourra vous être proposée jusqu’à la fin de grossesse.
- le dépistage de l’antigène HBs des hépatites B et C uniquement s’il n’a pas été réalisé en début de grossesse
- la sérologie de la toxoplasmose par prise de sang si vous n’êtes pas immunisée
- la recherche d’albumine et de sucre par bandelette urinaire afin de dépister une éventuelle prééclampsie ou un diabète gestationnel
- l’examen cytobactériologique des urines si vous êtes sujette aux infections urinaires
- la recherche des agglutinines irrégulières (RAI) si vous êtes Rhésus négatif et que le bébé est Rhésus positif.
A ce stade de la grossesse, la prise d’une ampoule de vitamine D est conseillée même pour les femmes enceintes vivant dans des régions ensoleillées en plus de votre complément alimentaire grossesse.
Dans le cas où l’échographie morphologique du second trimestre est incomplète, une échographie de complément d’étude morphologique est prescrite par votre sage-femme ou votre gynécologue obstétricien.
Dans le cas où une anomalie est suspectée, un second avis est demandé dans un centre de diagnostic prénatal.
Un dépistage du diabète gestationnel par le test d’hyperglycémie provoquée peut également vous être proposé si vous êtes à risque :
- antécédents familiaux
- âge maternel > 35 ans
- surpoids (IMC > 30)
- antécédent personnel de macrosomie (poids supérieur à 4 kg à la naissance)
- suspicion d’une macrosomie avec un excès de liquide amniotique pour la grossesse en cours.
Il est réalisé entre 24 et 28 SA et consiste en 3 prises de sang : la première à jeun immédiatement suivie de la prise de 75 g de sucre, la seconde à 1 heure et la troisième à 2 heures. Un taux de sucre excessif à l’une de ces 3 prises de sang donne le diagnostic du diabète gestationnel. Il nécessite une prise en charge adaptée afin d’éviter une macrosomie fœtale, une souffrance fœtale en fin de grossesse et un accouchement difficile. Le diabète gestationnel disparaît après l’accouchement.
Article écrit par Dr Dragana Angelov Isak, gynécologue obstétricien au Centre Hospitalier d’Aubagne Edmond Garcin, illustré par Pierre Del Aguila, Masseur-Kinésithérapeute DE, Ostéopathe D.O., Enseignant en Thérapie Manuelle et papa artiste